Créer un jeu sur mesure :
Les bonnes questions à se poser
Avant même de penser aux mécaniques ou au matériel, la première étape dans la création d’un jeu est de bien cerner le cadre de son projet. Pour cela, la méthode QQOQCP — Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? — est un excellent point de départ. Elle permet de poser toutes les bonnes questions pour ne rien laisser au hasard.
Dans cet article, je détaille cette méthode simple mais redoutablement efficace pour poser les bases d’un jeu pertinent, cohérent, et adapté à votre contexte, le tout enrichi de mon expérience de créatrice de jeux sur mesure.
🔍 Qui ? – Identifier la cible
-
À qui s’adresse le jeu ? Quelle est ma cible ?
-
Quel âge ont les participants ?
-
Se connaissent-ils ?
- Quels sont leurs centres d’intérêt, leurs préférences, leur niveau d’énergie ?
-
Ont-ils une appétence pour le jeu ? Est-ce un public familier des jeux ou plutôt novice ?
- Combien sont-ils ? (taille de groupe minimum et maximum)
-
Seront-ils rassemblés en équipe ?
👉 Ces réponses influencent directement la mécanique de jeu, le degré d’autonomie, le niveau de difficulté, et la présence d’animation humaine.
📜 Quoi ? – Définir le type et l’univers du jeu
- Est-ce un jeu individuel ou en équipes ?
- Quel est l’enjeu ? Une question de timing ? De difficulté ? Un nombre de points ou de récompesnes maximum à obtenir ?
- Est-ce que je veux que toutes les équipes puissent réussir ? Est-ce qu’il n’y aura qu’un seul gagnant ? Est-ce que tous les joueurs pourraient perdre ?
- Les joueurs seront-ils en compétition ? Devront-ils collaborer ?
- Y aura-t-il une narration ?
- Si oui, dans quel est l’univers ? S’impose-t-il à moi ou est-il libre ?
- Quelle est la quête, la mission des participants ?
- Y a-t-il des obstacles, défis, épreuves ?
- Une montée en tension ? Un affrontement final ?
- Comment se termine le jeu ? (objectif à atteindre, score, évasion…)
👉 Ces éléments sont le point de départ pour sélectionner ou imaginer la mécanique de jeu et la trame narrative, qui rendent le jeu immersif, logique et motivant.
📍 Où ? – Prendre en compte l’espace
- Dans quel espace le jeu va-t-il se dérouler ?
- Lieu intérieur ou extérieur ?
- Lieu unique ou jeu itinérant ?
- L’espace est-il partagé ou entièrement dédié ?
- Le lieu est-il disponible longtemps ou très temporairement ?
- Ai-je accès à du mobilier, des accessoires, du matériel spécifique ? Matériel disponible sur place ?
- L’environnement est-il propice à l’immersion ?
- Contraintes d’accès, de bruit, de stockage, de météo ?
👉 L’espace influence le design du jeu, l’encombrement du matériel, la durée d’installation et la forme de l’animation.
⏰ Quand ? – Penser au cadre temporel
- Dans combien de temps doit-il être joué pour la première fois ? Combien de temps ai-je pour le concevoir, le tester, le finaliser ?
- Quand le jeu sera-t-il joué : en journée, en soirée, en saison chaude ou froide ? Faut-il prévoir une version adaptable selon le moment ?
- Quelle est la durée de jeu prévue ?
- Le temps est-il fixe ou indicatif ?
- Y a-t-il d’autres activités avant/après ?
- Ai-je un planning précis pour le préparer et le tester ?
👉 Le temps de jeu impacte la densité, le rythme, et le degré de liberté laissé aux joueurs.
🧩 Comment ? – Imaginer la mécanique
- Le jeu sera-t-il animé par un ou plusieurs maîtres du jeu ?
- Sera-t-il autonome, avec des règles autoportantes ?
- Y aura-t-il besoin d’une application, de fiches, d’un support visuel ou sonore ?
- Est-ce que je prévois un tutoriel ou une phase d’explication ?
- Les joueurs doivent-ils tout résoudre seuls ou auront-ils accès à des indices ? Peuvent-ils rester bloqués ?
- Compte-t-on les points, les minutes, les objets trouvés ?
- Y a-t-il un classement ? Des conditions précises de victoire ?
- Les règles sont-elles simples à transmettre ?
👉 La mécanique doit rester fluide, lisible et adaptée au public, surtout si l’encadrement est léger. Elle doit également être facile à prendre en main par les maîtres du jeu éventuels.
🎯 Pourquoi ? – Clarifier les objectifs
- Quels sont mes objectifs à travers ce jeu ?
- Est-ce un outil pédagogique ? Un simple moment ludique ?
- Une manière de renforcer la cohésion d’un groupe ?
- Est-ce que je cherche à transmettre un message, des valeurs, des connaissances ?
- Qu’est-ce que je veux que les participants retiennent, ressentent, apprennent ?
- Est-ce un jeu pour fédérer, transmettre, sensibiliser, explorer ?
- Quelle place pour le fun ? La stratégie ? L’émotion ?
👉 La finalité du jeu détermine son ton, son équilibre, et les mécanismes de récompense ou d’immersion.
💰 [BONUS] Combien ? – Estimer les moyens
- Quel est le budget alloué ?
- Ai-je besoin de matériel spécifique, de supports imprimés, d’un habillage graphique ?
- Vais-je devoir faire appel à des prestataires : graphistes, imprimeurs, comédiens, animateurs ?
👉 Le coût impacte les choix créatifs — mieux vaut l’anticiper dès le départ.
🧠 Les contraintes ne freinent pas la créativité, elles l’alimentent
Les réponses à ces questions permettent d’identifier les contraintes concrètes du projet. C’est en croisant ces éléments qu’on anticipe les ajustements nécessaires. Voici quelques exemples concrets :
- Nombre de joueurs vs surface de jeu : 30 joueurs dans 20m² ne vivront pas la même expérience que 10 joueurs dans un parc. Cela influence le type de mécanique (plutôt en rotation, en équipe, ou en autonomie) et le volume de matériel à préparer.
- Nombre de joueurs vs nombre d’animateurs : Un seul animateur pour un grand groupe ? Il devra être très mobile ou bien équipé (micro, panneaux visibles, etc.), ou bien il faudra concevoir un jeu autonome, fluide et simple à suivre sans encadrement constant.
- Lieu vs matériel : Si l’espace est utilisé juste avant ou juste après, le jeu doit être rapide à installer et à désinstaller. Un jeu itinérant devra être léger, transportable, optimisé pour le stockage (taille des bacs, véhicule, poids).
- Durée du jeu vs configuration du lieu : Un grand espace extérieur implique des déplacements qui grignotent le temps de jeu. Cela signifie qu’il faut ajuster la difficulté, le rythme, et le nombre d’étapes pour ne pas frustrer les joueurs ou dépasser le timing prévu.
👉 Prendre ces éléments en compte en amont permet de gagner un temps précieux lors du prototypage et des tests, et de garantir un jeu fluide et pertinent, autant pour les joueurs que pour les organisateurs.
Ce travail de questionnement varévéler vos contraintes : de temps, d’espace, de budget, de public, etc. Mais ne les voyez pas comme des obstacles. Au contraire : les contraintes sont un puissant moteur de créativité. Elles forcent à faire des choix, à aller à l’essentiel, à innover dans les limites.
💬 D’ailleurs, une étude du Journal of Consumer Research a montré que la contrainte (matérielle, temporelle ou conceptuelle) stimule la pensée divergente. C’est ce qu’on cherche dans la création ludique, non ?
👉 Et maintenant ?
Ce travail de réflexion est la première étape incontournable de toute création de jeu.
Dans un prochain article, nous verrons comment transformer ces réponses en mécaniques concrètes et en scénarios immersifs.
📩 Envie de créer un jeu pour votre équipe ou votre événement ?
Je conçois des jeux sur-mesure ou je vous accompagne pas à pas dans votre propre création.
👉 Contact : contact@lechappee-ludique.fr
👉 Suivez-moi sur LinkedIn pour ne pas rater la suite !
0 commentaires