Idée reçue n°2 : “Créer un jeu, c’est fait en 2-2 !”

La phrase la plus violente que nous ayons entendue à ce propos, vous voulez la connaître ? La voilà : “Lucile va bien nous pondre un jeu pour les 200 personnes invitées à l’événement.” Sommes-nous les seuls à voir quelque chose de péjoratif dans l’utilisation du verbe « pondre » ? 

Exprimer de cette manière, ou d’une façon un peu moins irritante pour nos petites oreilles, l’idée reste la même : un jeu, ça se fait en 2 temps 3 mouvements. BIM BAM BOUM, c’est plié. Comme par magie 🪄.

Parce que tant qu’on n’a pas essayé de créer un jeu, on ne peut pas imaginer toutes les étapes pour y arriver. Les parents qui ont tenté l’expérience pour la fête d’anniversaire de leurs enfants ou les animateurs de centre de loisirs en ont un avant-goût. Mais leurs jeux ne sont pas aussi aboutis esthétiquement et ne sont pas destinés à être joués par de grands groupes de joueurs adultes, entre autres éléments de non-comparaison possible.

Chaque détail compte, s’occuper de la conception des énigmes et de leurs indices, à la création du matériel, en passant par les tests rigoureux pour garantir une expérience de jeu optimale. La magie apparente du jeu cache en réalité de longues heures de travail.

Idée reçue n°3 : « Faut être tarré.e pour imaginer des énigmes. »

Cette idée reçue, souvent entendue dans le domaine des escape games, souligne à quel point la conception des énigmes est souvent mal comprise. Si certains voient cela comme un signe de génie, d’autres peuvent le percevoir comme une excentricité. 

En tant que game master en escape game, c’est une phrase qu’on entend au moins une fois par semaine, minimum. Il y a pleins de manières de le prendre et on peut décider d’être flatté et d’entendre : « oh la la, que je suis admiratif.ve de votre esprit complexe et imaginatif, jamais je n’aurais pu créer quelque chose d’aussi recherché moi-même ! ». Les 2 sont proches, non ?

Et parfois… Allez je vais le dire : ça irrite un peu. Surtout quand les mêmes joueurs ont précédemment fait remarquer que “celle-ci, elle est trop simple à mon goût. Je ne vois pas l’intérêt.”

L’intérêt, c’est de varier les difficultés dans la succession d’énigmes pour créer un rythme, une accélération pour dynamiser la fin du jeu par exemple.

L’intérêt c’est de faire appel à différentes formes de logiques ou d’intelligences pour que chacun des membres de votre équipe ou au-delà de votre équipe, chaque joueur, puisse apporter sa pierre à l’édifice, prendre du plaisir en réussissant et lui donner confiance, ou au contraire, savourer le fait de venir à bout en ayant trouvé la solution d’une énigme qui vous a donné du fil à retordre.

C’est sûr que c’est plus facile de considérer que l’énigme est issue d’un « esprit pervers » que de reconnaître qu’on n’avait pas la bonne logique. Ce qui en soi n’est pas grave ! Tout l’intérêt du jeu est parfois là ! Dans le fait d’envisager les choses sous un nouvel angle, de faire appel à d’autres compétences.

Là encore, l’intention n’est pas de blesser, parfois c’est plus pour faire rire la galerie, facilement. Mais faisons attention aux mots qu’on emploie, non ?

Derrière chaque moment de plaisir et d’enthousiasme se cache un travail complexe et minutieux, une créativité certaine et un dévouement sans faille. En prenant conscience de ces réalités, vous pourrez mieux apprécier le talent et l’engagement des professionnels de l’animation et du jeu, et soutenir leur projet avec la reconnaissance qu’il mérite.

Malgré ces préjugés, nous restons des passionnés par ce métier et fiers de participer à l’émerveillement et au divertissement de ceux qui participent à nos jeux ! 🌟✨